“Brosser le genou et pousser” est l’un des mouvements très connu du tai chi. C’est un mouvement clé au moment où les deux partenaires rentrent dans la distance de contact. Les pratiquants avancés de tai chi s’exercent aux mains collantes. Ce jeu s’effectue à une distance proche. L’objectif est de toujours conserver le contact avec le partenaire sans offrir de résistance. Les textes classiques disent qu’il faut le coller comme son ombre. Cet exercice développe des facultés d’empathie.
Le sens du touché, souvent peu stimulé dans nos modes de vie contemporain, est réactivé. Avant d’avoir établi le contact, le pratiquant de tai chi peut donc se sentir vulnérable. Au moment où il avance son pied pour entrer dans l’espace du contact, son genou est exposé. Brosser le genou et pousser est une manière de protéger le genou lors de cette manoeuvre. Je prends souvent l’analogie avec le jeu d’échecs. Au début de la partie, chaque joueur va chercher à maîtriser le centre de l’échiquier. Lorsque l’on avance une pièce importante – comme le genou – il est préférable qu’elle soit protégée par plusieurs autres pièces.
Description :
Après l’ouverture, passer le poids sur une jambe et monter les bras. La paume de la main la plus haute est tournée vers le Ciel et celle de la main la plus basse vers la Terre. Lorsque l’on pose le talon, la main la plus basse descend en face du ventre, l’autre main est à hauteur de l’oreille. Lors du passage en pas de l’arc, la main la plus basse décrit un arc de cercle autour du genou tandis que l’autre pousse en face de l’épaule.
Le pied d’appui (avant), les hanches, les épaules, les doigts de la main qui s’appuie, la paume de la main qui pousse. Toutes ces parties sont tournées dans la même direction. Ce sont ces détails qui donnent plus ou moins d’unité dans les postures. Le professeur compétent n’aura de cesse d’attirer l’attention sur ces micro-placements. Les anciens Chinois disaient : “une erreur d’un quart de pouce : le Ciel et la Terre sont séparés”. J’ai eu le bonheur d’avoir des maîtres exigeants qui m’ont corrigé “avec la main”. Ceux-ci m’ont constamment fait sentir les postures justes : celle où l’énergie passe.
Compléments :
Lorsque l’étudiant possède de bons alignements, le professeur le guide pour maintenir la posture juste avec le minimum de tonus. La posture juste est différente pour chaque pratiquant. Elle varie également en fonction de son évolution dans la pratique et dans la vie. Lorsque les segments osseux sont bien alignés (énergie tenace), l’élève doit ressentir le déploiement optimum : pas assez, il retient son geste, trop, il est emporté par son mouvement. Ensuite vient le moment de “remplir” ses postures. Le pratiquant apprend à développer sa “sphère” (fondement de l’énergie élastique). Il continue à la cultiver régulièrement dans la posture de l’arbre.
J’insiste dans un premier temps sur les postures. Je pense que les postures sont les fondements du mouvement. Cette approche donne des gestes clairs et précis. L’inconvénient est qu’ils sont “hachés”. On résout le problème en travaillant les synchronisations temporelles. On ajoute en quelque sorte du liant.
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