Le Tai Chi Chuan est pratiqué en Chine depuis des millénaires. Le style Yang (de la famille Yang) se démarque des autres par une impression de fluidité, de rondeur qui s’en dégage. L’harmonie naturelle des gestes lents, amples et circulaires donne également une impression de mouvements au « ralenti ». Les bienfaits d’une pratique régulière se fondent sur une activation des méridiens d’acupuncture qui permet alors de retrouver équilibre, détente et sérénité.
Le doux gagne sur le dur et la souplesse triomphe généralement de la force. Voilà ce qu’avaient déduit les anciens en observant les combats entre animaux. En effet, la relaxation facilite la circulation du sang et de l’énergie dans les muscles. Elle permet plus de flexibilité, augmente le tonus et la souplesse. Tout cela nous rend de ce fait moins vulnérable face aux agressions extérieures. La Médecine Chinoise considère la pratique régulière du Tai Chi (et du Qi Gong) comme une technique essentielle de prévention des maladies. Elle permet un équilibrage des fonctions respiratoires, métaboliques et circulatoires.
« Un esprit calme et apaisé fait obstacle aux troubles de la santé et à la maladie » Classique de l’empereur Jaune. Pour les chinois, l’homme est situé entre Ciel et Terre et il doit raffiner les énergies qui le traversent pour les redistribuer à l’Univers. Au passage, il en profite pour améliorer sa santé et prolonger sa vie. Le Qi Gong ne nécessite pas des efforts particuliers ou d’une souplesse importante. Il est en général facile et agréable à pratiquer. Le Tai Chi chuan, lui, est une forme complexe de Qi Gong dont l’apprentissage et les principes sont plus difficiles à acquérir. Il est effectivement recommandé de pratiquer d’abord le Qi Gong avant de se lancer dans le Tai Chi Chuan. Traditionnellement, il est dit que si le Qi Gong (statique) permet de trouver (sentir) le mouvement interne par le calme extérieur, le Tai Chi Chuan s’attache à trouver le calme intérieur dans le mouvement extérieur. Le Tai chi Chuan est effectivement souvent considéré comme une méditation dynamique.
« Le taijiquan est un art qui vous apprend à ne pas trop attendre, à ne pas vous en faire pour le lendemain et à ne pas être envieux de ce que vous n’avez pas. Le mouvement vient de la tranquillité. » Cheng Man Ching.
Cheng Man Ching publia en 1950 un livre appelé « les treize traités de maître Cheng sur le Tai Chi Chuan ». Il y présenta sa forme en 37 pas (ou forme Yang en 37 mouvements) que Cheng disait adaptée à la société moderne. Tout en décrivant l’influence bénéfique sur la santé (résultant vraisemblablement des constatations sur sa propre santé), il y détailla également le sens martial des gestes afin de préserver la tradition martiale du Tai Chi Chuan.
La forme courte en 37 pas (simplifiée ou plutôt « essentialisée ») est inspirée de la forme longue en 108 mouvements de son maître Yang Chen Fu (qui lui même l'avait appris auprès de Yang Lu Chan à l'origine de cette forme 108). Il est important de noter que si la forme de Yang Chen Fu comporte bien 108 mouvements, il n'y a en fait que 37 mouvements différents car certains sont répétés à plusieurs reprises. Même si les mouvements portent souvent des noms poétiques, la forme 108 (ou grand enchaînement) est clairement martiale et retrace un combat fictif avec ses esquives, ses frappes et ses projections. Elle est une véritable préparation et formation à la pratique martiale. Malgré ses 20 années de pratique, Cheng insistait pour dire que cela n’était pas sa forme mais celle de la famille Yang (Tai Chi style Yang). Cela par respect pour son maître (Yang Cheng Fu) dont il fût le fervent disciple pendant 8 ans. Pourtant, la forme en 37 mouvements a tout de même certaines caractéristiques propres comme des pas d’ampleur moyenne, une position du dos verticale et les mains dans le prolongement des bras (poignets rarement pliés). Une autre caractéristique remarquable est la douceur, la délicatesse et la grâce qui émanent de cette forme et que Cheng a su infuser. La douceur, véritable source de transformation intérieure, est issue de ses longues recherches sur l’Alchimie interne Taoïste et de sa pratique quotidienne de la méditation taoïste. C’est seulement après sa mort que ses élèves parleront alors d’un style « Cheng Man Ching ».
« Les êtres humains apprécient la complexité et négligent la simplicité. Mais le tai ji quan (ou Tai Chi Chuan) est simple. Moins, c’est plus. Si vous croyez que le tai ji quan est appelé « la longue boxe » à cause du nombre de ses postures, vous vous trompez malheureusement. C’est à cause des qualités de douceur, de continuité ininterrompue de ses mouvements. Plus le taijiquan est simple, plus il est naturel, plus il est correct. »
Cheng Man Ching.
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