Je vous partage cette très intéressante vision du Taiji qui se rapproche très fortement de la mienne.
Un autre Taiji Quan
Aujourd'hui, le Taiji Quan possède une représentation dans l'imagerie populaire, qui correspond à une idée reçue, qui malheureusement n'est pas, en tout cas celle originelle du Taiji Quan et il est maintenant difficile de la changer. Pourtant, il est possible de faire une analyse critique du Taiji Quan tel qu'il est pratiqué à l'heure actuelle, car cette pratique ne correspond en rien à ce qui est décrit dans ces textes classiques du Taiji Quan.
Pour expliquer cela, on peut émettre une hypothèse, le Taiji Quan aurait eu une double identité, l'une martiale et l'autre plus philosophique. Le Taiji martial serait alors plus tourné vers l'externe, avec des mouvements volontaires et le Taiji "philosophique" tourné vers le Taoïsme avec la mise en pratique de la philosophique du non agir. Le Taiji martial aurait été la pratique de Yang Lu Chan dans ses combats et le Taiji "philosophique" la pratique qu'il aurait enseigné à la cour impériale. Le Taiji Quan de Yang Lu Chan, devait associer une part d'interne et d'externe, de philosophie et de martial, car l'une séparée de l'autre enlève une grande partie de l'efficience de l'art.
Selon la légende, Yang Lu Chan, aurait refusé de transmettre ses secrets martiaux à ceux qu'ils considérait comme des usurpateurs (Mandchou) et aurait transmis un art martial "édulcoré". Cette pratique plus "philosophique" que martiale correspondrait en tout point, à celle décrite dans les textes anciens et c'est celle que je tente de retrouver.
Mais, le plus compliqué est de démontrer le bien fondé, d'un Taiji réalisé tel qu'il est décrit dans les textes, car entre un Taiji Quan réalisé selon les textes et un autre réalisé comme du Kung Fu au ralenti, rien ne pourra les différencier visuellement pour un non initié et malheureusement, ce n'est que par les effets psychologiques et sur la santé, à long terme que l'on pourra juger. Seul celui qui pratique depuis assez de temps ce Taiji peut en témoigner.
Un autre problème subsiste, l'ego, qui est le propre de l'homme, celui qui préfère l'agressivité à la non violence, qui croit plus efficace de frapper que d'immobiliser. Cela repose dans un sentiment de toute puissance (ego) se croire plus fort que l'autre et pouvoir le réduire à néant avec un coup. C'est bon quand vous pesez 100 kilos et que votre adversaire en pèse 50, mais quand c'est l'inverse, cela devient moins évident.
Un autre problème est le niveau de sagesse celui qui permet d'interpréter les informations que l'on reçoit, car selon ce niveau, la perception peut être altérée ou inexistante. De plus l'interprétation peut être diamétralement différente, selon le niveau de sagesse du pratiquant.
Dans un autre contexte, on a pu malheureusement observer le Taiji des textes, cet art de paix, non violent, de légitime défense, où l'on attaquait jamais, disparaître au profit d'un art agressif, où l'attaque est devenue la norme, mais qui malgré tout tente de se référer à ces textes. À cause de cela le Taiji a perdu sa partie philosophique. Quand, on regarde le contenu des textes anciens du Taiji Quan, on peut s'apercevoir que le Taiji Quan que l'on voit actuellement dans la plupart des cours, est aux antipodes de l'idée transcrite dans ces textes. Que ce soit la boxe des Chen, le Taiji de Wudang, le Taiji Yang ou les autres styles, aucun de ceux là, n'est dans le concept des textes anciens.
Trop souvent, le Taiji Quan est enseigné par des professeurs de Kung Fu, qui gardent les principes de l'externe dans ces cours, on tente de faire cohabiter les principes du Kung Fu et ceux des textes anciens, par cela ces pratiquants, cherchent à être yin et yang à la fois, cette vision superficielle est assez ambiguë, car elle voudrait mêler le yin et le yang, le non agir et l'action, l'interne et l'externe, l'attaque et la défense, la force et la légèreté, la solidité et la non résistance, comment le pourrait on !
Comme, l'image si bien le symbole du taiji, le yin et le yang, viennent l'un après l'autre, il est impossible d'être localement yin et yang, ils alternent, quand ils sont indifférenciés, le yin et le yang n'existent plus, ils deviennent le wuji (neutralité).
Le Taiji Quan est une discipline à part entière avec des principes complètement différents d'un art externe. Ses principes ne s'acquièrent pas en quelques mois, il faut des années de pratique, pour en découvrir les subtilités.
Dans ces cours de "taiji", on parle de lâcher prise, de non agir, de non force, de non opposition, de Chi, mais dans les faits, il n'y que contrôle, action volontaire, opposition et sous le couvert de Chi, on y utilise la contraction musculaire (force).
Une question se pose : comment peut on, s'être autant éloigné, des idées premières des textes anciens ?
Peut être que la réponse se situe dans la nature humaine (ego), qui recherche la facilité, la rapidité et une efficacité qui ne sera qu'éphémère, car ne résistant pas au temps qui passe. Et ceci malgré le chapitre des textes anciens nous éclaire sur la direction à suivre "Si un vieillard de 80, 90 ans, est capable de résister avec succès, à plusieurs assaillants ce n'est ni grâce à sa force ni à sa rapidité."
Pourtant, en suivant les principes des arts internes (Taiji Quan), il suffit de deux kilos de pression pour effectuer une technique efficace, que ce soit pour déstabiliser ou immobiliser un adversaire.
Cette connaissance alliée à d'autres permet de pratiquer jusqu'à un age avancé, sans que les années ne soit un frein à la pratique. Mais, si l'on ne connaît pas ces principes essentiels du Taiji Quan, l'emploi de la force musculaire va devenir une nécessité, voire une obligation, ceci pour remplacer ce manque de connaissance. Cela a créé, les dérives du taiji, que nous connaissons actuellement.
La simplification du Taiji Quan par Yang Chen Fu, y a également, grandement contribué, en le simplifiant, il a éradiqué la philosophie, qui donnait son principe unique, au Taiji, le non agir, ce qui devrait logiquement régir cet art.
Cette simplification a également rayé la complexité de cet art, ce qui a permit sa diffusion à travers le monde, Yang Chen Fu par cela a adapté le Taiji à une société de consommation, où tout doit être rapide et facile. Mais, en faisant cela, il a fait perdre son âme au Taiji Quan. Il a transformé le Taiji Quan en une simple gymnastique externe, ni martiale, ni philosophique. La partie psychologique et la quête de sagesse associée au Taiji, ont été abandonnée au profit d'une pratique essentiellement physique.
Si l'on considère les textes anciens comme la source d'inspiration de la pratique, on peut estimer que le Taiji actuel n'a plus beaucoup de points communs avec le Taiji Quan des textes, et j'arrive même à me demander pourquoi il en garde le nom.
Ce Taiji " philosophique " devrait être la base de l'art complet du Taiji Quan tel que Yang Lu Chan le pratiquait, car la partie martiale, plus instinctive est nettement plus facile à maîtriser.
Voila la liste des textes sur laquelle repose mon interprétation ;
Le traité du Taiji Quan - Le classique du Taiji Quan - Les treize clés importantes pour réguler le corps - Le chant des huit mots - Le traité de l'appréhension par l'esprit - Traité des dix sept clés - Les cinq clés mentales pour une étude sérieuse - Le chant de la véritable signification - Les points clés fondamentaux du Taiji Quan - Le chant de la compréhension et de l'application - La chanson des treize postures.
Les textes anciens du Taiji Quan, sont contemporains à la création historique (1840) du Taiji, ils ont été écris par le fondateur et ses élèves, ils sont et restent le mode d'emploi de la pratique authentique. Ils constituent une notice explicative qui donne toutes les clés de la pratique, à qui sait les lire.
Comment peut on dire je pratique le Taiji Quan, mais je ne respecte pas les textes anciens ? C'est comme se dire catholique, en réfutant la Bible, c'est comme dire pratiquer le Judo, mais en refuser les règles, en donnant des coups de poing, ce n'est plus du Judo. Pourquoi en est il autrement pour le Taiji Quan ? Pourquoi encore appeler ça Taiji Quan ?
Je me qualifie de "puriste" quelqu'un qui recherche un Taiji Quan, tel qu'il est décrit dans les textes anciens (classiques), quitte à le réinventer, puisque, apparemment il a disparu de la planète.
Parfois, j'en viens à me demander si ma pratique, si éloignée de ce que l'on voit actuellement reste du Taiji... Mes gestes ne viennent pas de la contraction, mais du relâchement musculaire, ils sont issus du non agir. Je reste convaincu que ma pratique prend la bonne direction, car elle n'est que le fruit de la lecture des textes anciens du Taiji Quan et de la mise en pratique de ceux ci.
Je propose une vision différente, très éloignée de la vision stéréotypée et de la conception conventionnelle. Cette vision diverge de celle couramment admise et pourtant ce n'est qu'une mise en pratique des idées transportées par ces textes.
Par cela, je tente de retrouver un Taiji Quan, au plus proche de ses origines, tel que Yang Lu Chan, a voulu le transmettre à travers les textes anciens. Yang Lu Chan, que je considère comme le fondateur, car avant lui, le Taiji Quan n'existait pas, ni le nom qui a été donné pour qualifier son art, ni sa pratique. Car il a instauré une discipline, qui était complètement novatrice, de par la conception des gestes, de ses mouvements et de la philosophie intrinsèque à son art.
Novatrice puisque n'appartenant à aucun Wushu existant. Jamais auparavant un art martial, n'avait été nommé ainsi, ce nom est apparu vers 1840, tout ce qui se rapporte au nom Taiji Quan, avant cette date ne pouvant être que falsification.
Je suis conscient que ma vision ne fera pas l’unanimité, car l’épouser forcerait maints pratiquants à commencer une remise en question bien trop radicale. Car en admettant cela, ils se remettraient en cause et par la même leurs enseignements et cela signifieraient une véritable défaite, leurs egos n'y résisteraient pas. Seuls ceux qui auront une ouverture d'esprit suffisante (sagesse), pourront concevoir cela.
Il existerait selon le Taoïsme trois niveaux de sagesse, (inférieure, ordinaire et supérieure) les neuroscientifiques parlent de dominances (cerveau reptilien, cerveau limbique et néocortex avec ses lobes frontaux) et la philosophie va également dans ce sens par la voix d'Arthur-Schopenhauer, qui parle de trois niveaux d'acceptation de la vérité . Dans un premier temps elle est ridiculisée (refus), ensuite elle subit une forte opposition (combat), puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence (approbation).
La sagesse est une recherche de la vérité, une quête du Graal, interminable. Seuls les insensés, croient savoir, ce qu’ils ne savent pas.
Mon but n'est pas de prétendre avoir la vérité ultime, mais de faire naître le doute en ceux qui croient savoir. Faire ouvrir les yeux sur la possibilité d'un autre Taiji Quan.
Je vais tenter de définir un Taiji Quan et sa pratique, qui selon ma vision des choses serait proche de l'idée exprimée par les textes anciens.
Le Taiji Quan est un art martial interne
- Taiji : polarité suprême, (Yin et du Yang)
- Quan : boxe, poing (combat)
- Interne : dirigé vers l'intérieur (soi même), contre ses instincts, émotions, inconscient, ou mouvement vers l'intérieur (retour)
- Art : pratique sublimée
- Martial : guerre
Le Taiji Quan serait donc : une guerre de pouvoir entre le coté conscient, réflexion (yin) et le coté inconscient, instincts, émotions, ego, affects (yang). On peut faire l'analogie entre le coté lumineux et le coté obscur de la force, que G. Lucas a mis en exergue dans ses films (Star War), d'ailleurs c'est des arts martiaux et du Chi, qu' il s'est inspiré pour écrire ceux ci.
Pour saisir l'intérêt d'augmenter sa part consciente, il faut comprendre que l'inconscient contrôle notre corps et notre vie à 95% du temps, alors que notre ego nous pousse à croire que nous la contrôlons en permanence.
Le Taoïsme, a grandement influencé le Taiji Quan et l'écriture de ses textes, de nombreux préceptes y ont été repris, on y retrouve entre autres, le respect des cycles de l'univers.
Pour comprendre le rapport avec le Taiji, il faut envisager que dans un combat l'adversaire devienne notre univers et ses mouvements (les cycles à respecter). Dans ce Taiji le non agir, le non être, deviennent la norme.
Le Taiji Quan tel qu'il est décrit dans ces textes, serait sans forme, sans intention. Il ne peut avoir de forme prédéfinie, il ne peut avoir d'intention, car il ne fait que suivre. Et si l'on suit, il est impossible de s'opposer, donc d'utiliser la force et d'autant plus de frapper ou de réaliser des fajing. Il est le combat contre son ego, (instincts, réflexes, émotions, affects) en faveur de sa réflexion.
Retrouver un Taiji Quan au plus proche de l'idée transcrite dans les textes anciens, ce Taiji serait : comme l'eau, l'eau qui est comme le Tao. Ce Taiji Quan serait la réalisation pratique de la philosophie du Tao par l'homme, à travers le combat. Il reprendrait les caractéristiques de l'eau, car il suit, s'adapte, ne s'oppose pas, n'utilise pas la force (contraction musculaire) comme l'eau, il se dirige vers le vide (insubstantiel), comble les creux et finit par terrasser le dur (Yang). Ce Taiji comme l'eau qui rencontre du substantiel, va le contourner, sans s'y opposer directement, y adhérer et l'user. L'eau à l'image de ce Taiji Quan est l'exemple parfait de la symbolique du Yin.
Car, l'eau n'a qu'une action propre, celle de retourner à son état d'équilibre, vers la neutralité (retour). Quand l'on donne un mouvement à l'eau, elle devient le mouvement, elle ne résiste pas, elle accepte, mais la force que nous lui donnons, elle nous la restitue en nous attirant ou en nous poussant avec elle, en faisant corps avec nous. L'eau sans intention propre, reviendra à son état d'équilibre, point stable, à la neutralité.
Pour le pratiquant de ce Taiji, cela pourrait être comparé au Wuji terme de la cosmogonie chinoise, appliquée au corps humain. En l'absence de stimulation ou d'intention, le corps retournerait à son état neutre. L'état neutre que l'on peut qualifier de Wuji, est une position, où le corps est équilibré, les muscles sont entre étirement et compression, sans intention.
Dans ce Taiji Quan, le taiji (polarité yin – yang) serait représentée par les deux adversaires, l'assaillant personnifie le Yang ; intention, action, externe, l'attaque et le pratiquant de Taiji Quan, le Yin (non agir). Car comment si l'adversaire est le yang et que je persiste à rester moi aussi yang, serait il possible d'être en harmonie, alors afin de m’harmoniser à l'autre (qui devient mon univers) je deviens le yin. Les deux opposants n'en deviendraient qu'un, où comme dans le symbole taiji, le yin et le yang, sont opposés, complémentaires et indissociables, où l'un n'existe que par l'autre.
Lors de la pratique à deux, dans ce Taiji, ce devrait être le Tantien du partenaire qui engendrerait le mouvement du notre, qui lui même provoquerait notre déplacement.
Lorsque ce Taiji Quan serait réalisé seul, ce serait le partenaire fictif qui engendrerait nos mouvements, le geste ne serait que le résultat de celui ci . Nous ne ferions pas les mouvements, nous suivrions ceux de ce partenaire fictif.
Un Taiji Quan ainsi pratiqué aurait de nombreux effets psychiques, sur la mentalité, le caractère, la vision de la vie et des choses, la gestion des émotions. Une vision éclairée, lucide sans interférence des affects, ce serait là, un des effets de ce Taiji Quan.
Avec la pratique de ce Taiji, on lutterait contre ses instincts, émotions, affects et son ego. Ce Taiji Quan ne s'opposerait pas, mais il emploierait le dynamique du geste adverse, en aidant, en amplifiant ou en accélérant celui ci, pour déstabiliser ou immobiliser (china) l'adversaire. S'opposer à un geste demande beaucoup d'effort, alors qu'aller dans le sens du geste, n'en demande pratiquement pas. Car quand vous avez l'intention de tirer, les muscles antagonistes, au mouvement ceux du pousser, se relâchent (réflexe d'inhibition réciproque). Si vous voulez pratiquer à long terme dans le sens des textes, il faut pratiquer avec le partenaire et non contre.
De cette compréhension, on pourrait tirer des enseignements qui grâce aux connaissances liées à ce Taiji, pourrait palier aux différences liées à l'age et à la morphologie (taille, poids et force). Car, en accompagnant l'adversaire (par le lâcher prise ), il est possible, d’accélérer, d'amplifier, le geste du partenaire et l'on pourrait alors le défaire et faire qu'il engendre sa perte par sa propre action.
Dans la première phase d'apprentissage de ce Taiji, il ne serait pas dirigé contre les autres, mais en premier lieu contre la part obscure de soi, l'inconscient, ce qui permettrait au fur et à mesure de la pratique, d'augmenter notre part consciente dans la vie de tous les jours.
La recherche de ce taiji Quan ne serait pas de vous faire devenir un combattant hors pair, même si vous aviez une certaine efficacité, mais plutôt faire de vous un meilleur humain, au sens vrai du terme.
Ce ne serait pas de gagner contre l'autre, qui serait important, mais en premier lieu, ce serait se dépasser, devenir conscient, annihiler son ego, car ce qui nous pousse à nous battre dans la vie courante, c'est l'ego, (sauf agression) .
Les émotions que ce Taiji tenterait de contrôler sont très souvent néfastes que ce soit en terme d'efficacité martiale car le stress fait perdre plus de 50% de ses moyens, ou en terme de santé, car il bloque indirectement nos défenses immunitaires.
Le Taoïsme dit que le guerrier ultime est celui qui n'a jamais eu à se battre.
Maîtriser son coté instinctif, mieux contrôler ses émotions, gérer son ego et ses affects, ce serait un des buts réels du Taiji Quan, tout cela pour nous pousser vers l'éveil.
Un autre de ses buts serait la santé, comme les découvertes de la science tendent à le prouver, le stress et les sentiments négatifs, ont tendance à détruire l'organisme et ses défenses immunitaires, le Taiji, par la gestion du stress et des émotions, renforcerait indirectement ces défenses et améliorerait la santé en générale.
Ce Taiji Quan serait avant tout un art psychologique et philosophique. Les chercheurs en neurosciences et en psychologie, disent que la pratique du Lâcher prise physique ou mentale, devient une seconde nature, s'il est pratiqué régulièrement et suffisamment longtemps. L'aire du cerveau qui contrôle le lâcher prise s'étend par l'entraînement, ceci au détriment de son homologue négatif (neuroplasticité).
Retrouver un Taiji Quan qui reposerait sur un principe unique, le non agir, où suivre, lâcher prise, non être, non force, sans intention et de non opposition, seraient les normes.
Ce Taiji Quan, qui adopterait les connaissances de l'être, conscientes et inconscientes, en utilisant les mouvements volontaires et involontaires du partenaire.
Ce serait un Taiji qui emploierait la tenségrité, le tonus résiduel et l'alignement pour ses mouvements, plutôt que la force et la contraction pour se tenir debout.
Un Taiji, qui exploiterait les ressources déjà présentes, dans le corps humain, pour se mouvoir, des ressources telles que : la pesanteur, les forces : cinétique, élastique, centrifuge, centripète, plutôt que d'en créer de nouvelles (contractions). Ce Taiji en tirerait profit plutôt que de lutter contre ces forces.
Un Taiji qui saurait tirer parti des mouvements naturellement présents dans le corps, qu'ils soient conscients ou inconscients.
Un Taiji où l'age, le sexe, le poids, la force, n'auraient qu'une importance relative, pour retrouver le rôle d'un réel art martial, celui de ramener tout être, à un même niveau.
Un Taiji Quan qui retrouverait sa place et la signification du qualificatif, Art suprême, car il emploierait l'anticipation. Ce Taiji, qui saurait tirer parti de l'intuition, en utilisant tous les signes inconscients que le partenaire nous envoie et qui peuvent nous prévenir de ses actions futures.
Un Taiji Quan sensitif, où les pratiquants travailleraient sur le ressenti de l'intention.
Car, le corps humain possède des mouvements de pré-tonification, avant même le moindre geste, ce sont des réactions inconscientes programmées pour lutter contre la force de réaction (force de retour) au mouvement.
Un Taiji Quan qui exploiterait des perceptions oubliées et inutilisées dans la vie courante. Les pratiquants de ce Taiji se servirait de ces réactions chez l'adversaire et les contrôleraient en eux. Partir après (l'intention) mais arriver avant (le geste)
Un Taiji qui n'aurait d'autre moteur que le Tantien ou indirectement celui du partenaire.
Un Taiji Quan, où les émotions (peur, stress, etc..) seraient maîtrisées, les réactions instinctives seraient domptées, où les affects ne modifieraient pas le jugement, où l'ego n’interférerait pas dans la situation, où les réactions seraient dictées par la réflexion lucide .
Un Taiji Quan éclairé, proche de l'éveil, où l'esprit est flux. Retrouver un Taiji Quan qui serait l’une des clefs qui nous permettraient d’accéder à la sagesse pour tous et qui nous ferait progresser dans la quête d’une vie meilleure.
Ce Taiji Quan serait une adaptation philosophique de la loi du Karma, de cause à effet, car c'est le partenaire qui engendre sa défaite par ses propres actions.
Ce Taiji serait un art versé dans la philosophie taoïste, dont le but est de pacifier, il serait à l'origine, uniquement fait pour se défendre, (légitime défense), non violent, non agressif. Il serait plus philosophique que martial, et le but de la pratique serait de tendre vers sa maîtrise, bien qu'il soit pratiquement impossible de l'atteindre.
Celui qui maîtriserait ce Taiji Quan et tous ces principes serait invincible.
Fred Behar
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